Ce katana, véritable chef-d’œuvre, incarne la fusion de l’art ancestral de la forge japonaise à l’esprit des guerriers historiques. Forgié durant l’ère Showa, il est l’œuvre de Tachibana Munehiro, un maître forgeron originaire de Yo Shu (de nos jours la préfecture d’Ehime). Commandée en juillet 1987 par Ashitate Yasushi, directeur de l’école d’arts martiaux Otsuki, cette épée symbolise la puissance et l’austérité des traditions guerrières ancestrales.
La longueur de la lame, ou nagasa, atteint précisément 2 shaku 1 sun 5 rin (soit 63,8 cm ou 25,11 pouces), et elle affiche une courbure, ou sori, de 1,4 cm / 0,55 pouces. La forme est celle du célèbre style shinogi-zukuri, ornée d’un iori-mune et coiffée d’un chu-gissaki. Elle dispose également d’une soie originale, le ubu nakago, méticuleusement polie avec des motifs en kesho yasuri-me, et percée d’un trou pour un mekugi.
La dimension totale de ce katana est de 93 cm (36,6 pouces).
L’excellence de Munehiro transparaît dans le Gunome-choji-midare hamon complexe de la lame, qui révèle des ondulations ashi et des lignes fines appelées sunagashi, gravées dans une forgeure itame indéformable et couverte d’éclats distinctifs de ji-nie, apportant profondeur et éclat au métal.
À propos de Tachibana Munehiro :
Tachibana Munehiro, de son nom de naissance Toriu Hiromu, vit le jour le 5 septembre 1925 dans la préfecture d’Ehime. Son initiation à la forge débuta en 1939, sous la tutelle de son père Hiromasa, lui-même disciple du renommé Takahashi Yoshimune. Munehiro perpétua l’héritage de cette école de forge, dont un membre, Takahashi Sadatsugu, fut le premier à se voir octroyer le titre prestigieux de “Ningen Kokuho” ou “Trésor National Vivant”, remarque de reconnaissance pour cette lignée d’excellents artisans.
Durant la Seconde Guerre mondiale, en 1942, Munehiro perfectionna son art artistique à Kokura Rikugun Zoheisho, une fabrique d’armements de l’armée impériale japonaise, située à Kokura dans la région de Kyushu. Postérieurement au conflit, il se tourna vers la production d’outils agricoles avant de revenir à sa première passion, la fabrication d’épées, en 1969.
Les créations de Munehiro reflètent le style Bizen transmis par sa lignée, affichant des hamons gunome-choji scintillants, des hada itame compacts et des formes robustes. La garde de l’épée (koshirae) est somptueusement finie, avec notamment un habaki en feuille d’or en deux couches, confirmant la grande valeur et la conservation du sabre. Elle se pare aussi d’un magnifique tsuba en or et shakudo travaillé en nanako, d’un fuchi-gashira assorti réalisé par Ooka Masatsugu, renommé dans le même art, ainsi que de menuki en harmonie en or et shakudo.
Ooka Masatsugu représentait le troisième patriarche de la famille Ooka, ayant produit ses œuvres à Edo dans les premières années du 19e siècle. Issu de la renommée école Hamano, l’atelier Ooka servait la famille Owari Tokugawa, octroyant à cette œuvre une richesse historique supplémentaire.
Ce katana se distingue non seulement par sa lame, mais aussi par le témoignage qu’il apporte de la culture japonaise, façonné avec dévouement par un forgeron emblématique et marquant l’héritage de l’école d’arts martiaux Otsuki. Chacun de ses détails narre une part de l’épopée du Japon, mêlant histoire et tradition dans la forge de son acier.