Cette pièce d’exception témoigne de la richesse de l’ère Nanbokucho, connue pour son riche héritage en matière de fabrication d’armes blanches. Sans signature, cette lame est identifiée comme l’œuvre de Bizen Masamitsu, une attribution renforcée par les papiers du NBTHK datant du 13 octobre 1979.
La nagasa (longueur de la lame) atteint 69,4 cm et elle se pare d’un sori (courbure) de 2 cm. Son design en shinogi-zukuri et iori-mune, associés à une mi-haba conséquente qui se rétrécit en approchant du kissaki (extrémité), est conçu suivant les canons esthétiques de l’époque. Son kasane (épaisseur) est imposant et la réalisation du kissaki répond discrètement aux coutumes stylistiques des sabres de cette période.
Le jihada (texture de la lame) révèle un remarquable itame agrémenté de mokume, offrant une nuances délicates à travers le hada (surface de la lame) parfaitement façonné. On note la présence fascinante de ji-nie et de multiples chikei, ainsi que des reflets appelés utsuri qui traversent le jihada.
Le hamon (ligne de trempe) est un subtil ko-notare marié à un ko-gunome, rehaussé de lignes acérées distinctes. Les attributs techniques ashi et yo sont judicieusement présents, accompagnés d’évanescents kinsugi et sunagashi. Le boshi (pointe trempée) se distingue par un jizo-boshi doté d’un kaeri prononcé.
La tige du sabre, ou nakago (soie), montre un suriage prononcé avec trois mekugi-ana, respectant ainsi les méthodes d’adaptation typiques de l’époque historique concernée.
La silhouette de ce sabre porte les traits emblématiques de l’ère Nanbokucho : une mi-haba généreuse, un kissaki judicieusement allongé et un sori marqué. La composition du hamon et du jihada suggère également des liens avec la prestigieuse école de forgeron Bizen Osafune, notamment Kanemitsu. Cette attribution à Masamitsu par le NBTHK confirme qu’il figure parmi les disciples les plus éminents de Kanemitsu.
Le sabre est judicieusement présenté dans un shirasaya, accompagné d’un sayagaki signé attribuant l’œuvre à Bizen Osafune Masamitsu, une authentification rendue possible grâce au savoir de l’ex-leader du NBTHK et expert en armes blanches, le Dr. Kanzan Sato.
Il est communément admis que Kanemitsu fut un protégé du maître Masamune de la tradition Soshu, et qu’il aurait propagé l’art de forger de ce dernier à Bizen, aboutissant à la création bien reçue du style Soden-Bizen. Comme maître respecté, Kanemitsu a formé plusieurs apprentis de choix, incluant Masamitsu.
L’héritage de Masamitsu perdure à travers ses créations qui couvrent une période de près de 40 ans, s’étendant de l’époque Enbun jusqu’à l’époque Oei. Bien que certains avancent l’idée de l’existence potentielle de deux générations portant le nom de Masamitsu en raison de variations stylistiques, aucune preuve définitive n’étaye cette théorie.
Les créations de Masamitsu ont su atteindre le statut enviable de Juyo Token, une marque de leur qualité et de leur valeur exceptionnelles. Étant donné les traits distinctifs et la finesse de ce sabre, il est un candidat de choix pour le NBTHK Juyo Token shinsa, ce qui pourrait notoirement augmenter tant sa valeur que son intérêt pour les collectionneurs et historiens. Ce sabre constitue ainsi un amalgame impressionnant d’art, d’héritage et de tradition dans l’art séculaire de la forge japonaise.
La provenance de ce sabre est une collection appartenant à un érudit aujourd’hui disparu. Ce dernier, passionné par cet héritage nippone, a malheureusement disparu avant de pouvoir prétendre à l’examen approfondi pour l’évaluation ultime de ce sabre, auquel il aspirait.